Juger : le modèle du procès
- damienclergetgurna
- 2 mai
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Dernière mise à jour : 12 mai
Introduction
Si nous devions nous poser une seule question à propos de l'acte de juger, laquelle serait-ce ? Nous pourrions nous demander si juger, sous toutes ses facettes, ça n'est pas toujours quelque chose qui renvoie implicitement à l'acte de rendre justice… ce qui voudrait dire qu'il y aurait toujours cette logique du procès qui serait implicitement présente derrière tout acte de juger. Le modèle judiciaire sert peut-être, sans que nous le sachions, de modèle intellectuel à la fois dans le domaine de la logique (les "propositions"), dans le domaine de l'épistémologie (la connaissance), de l'esthétique, de la morale, de la philosophie pratique ! Se peut-il que ce modèle judiciaire ne soit pas simplement un aspect parmi d'autres, une dimension parmi d'autres de l'acte de juger, mais le modèle qui permettrait de penser toutes les autres ? Si vous prenez Kant, qui est le grand philosophe du jugement, il est frappant de voir à quel point il métaphorise systématiquement l'acte de juger à partir de la scène du tribunal. Par exemple, lorsque Kant s'interroge sur la connaissance scientifique (domaine de l'épistémologie), il parle sans cesse du "tribunal de la raison". Or, si on admet que "juger" renvoie toujours à un sens propre et initial, qui est ce que fait le juge, ça nous amène naturellement à nous poser la question de savoir ce que vaut un tel modèle lorsqu'on l'applique à la logique, à la connaissance, à la morale et à l'esthétique. Bref, cette interrogation nous amène à juger le fait de juger, à nous prononcer sur la valeur d'un acte (juger) qu'on exerce dans tant de domaines variés, bien au-delà du seul tribunal.
La scène du procès dans Alice au Pays des Merveilles
Est-il question d'autre chose dans le roman de Lewis Caroll, Alice au Pays des Merveilles ? Je vous renvoie là-dessus à l'épisode de podcast que j'y ai consacré. Il n'y est question que de l'acte de juger. Mais il s'agit d'abord exclusivement de l'acte de juger d'un point de vue logique, parce que Lewis Carroll était un professeur de logique à Oxford. Au-delà de l'aspect fantaisiste et merveilleux, tous ses ouvrages ont une réelle cohérence intellectuelle qui vise à pointer tous les paradoxes de la logique. C'est le philosophie Gilles Deleuze, dans un ouvrage intitulé Logique du sens, qui a très bien montré que tous les problèmes de taille que rencontrait Alice (est-ce qu'elle est grande ? est-ce qu'elle est petite ? Le fait qu'elle devienne grande puis qu'elle devienne petite…) tout ça devait s'interpréter vraiment de manière très sérieuse comme une sorte de paradoxe logique qui date de l'antiquité, et qui met en péril la cohérence de tous nos jugements. Dans Alice Au Pays des Merveilles, il n'est question que de logique. Et pourtant, tout converge vers une scène finale qui est celle des deux derniers chapitres : la scène du procès, où l'on juge le valet de cœur sous l'inculpation du vol des tartes que la reine aurait préparé. Qu'est-ce que ça nous dit, ce fait qu'un ouvrage entièrement consacré aux problèmes logique des propositions finisse par une scène judiciaire ? Il y a deux interprétations possibles, qui ouvrent le champ de notre problématique.
Première interprétation
Une première interprétation possible, celle dont je parle dans le podcast, c'est l'idée que derrière la volonté et l'acte de juger, il y a toujours une logique de tribunal qui est malsaine. C'est parce que, dans un tribunal, on a besoin de rendre un jugement, qu'on ne peut pas se permettre de ne pas juger. Lewis Carroll montre dans Alice au Pays des Merveilles l'empressement que tous les animaux ont sans arrêt à poser des jugements; c'est ce qui les rend tous aussi antipathiques. Le "petit" chien avec qui Alice joue est l'un des rares animaux à ne pas être doté de la parole, et comme il n'est pas doté de parole il ne peut pas non plus énoncer de jugement. Il n'y a que Alice qui sache suspendre son jugement, en prenant le temps de s'étonner et de poser des questions. Alice représente le modèle de quelqu'un qui s'abstient de juger, le modèle de quelqu'un qui suspend son jugement. C'est-à-dire qu'elle représente en sorte le modèle sceptique de l'Epokhè, de la suspension du jugement. Le scepticisme représente une économie de la connaissance qui, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, a toujours représenté une sorte d'alternative par rapport à un modèle de la connaissance centré sur l'acte de juger.
C'est en somme une façon d'accorder davantage d'importance aux questions qu'aux réponses elles-mêmes. Par exemple, au début du roman, lorsque Alice tombe dans le puit, elle se demande : étant donné que les chats mangent les souris, peut-on affirmer aussi que les chats mangent les "chauve-souris" ? C'est une bonne question ! Et cette question n'est pas la même que si Alice se demandait : "Les chauve-souris mangent-elles les chats ?". Mais si on estime que l'important, c'est la réponse, alors comme elle ne connaît pas la réponse à cette question, il devient d'un seul coup parfaitement indifférent qu'elle se pose une question ou une autre : "A ce moment, Alice commença à se sentir toute somnolente et elle se mit à répéter, comme si elle rêvait : "est-ce que les chats mangent les chauve-souris ? Est-ce que les chats mangent les chauve-souris ?" et parfois : "Est-ce que les chauve-souris mangent les chats ?" car, voyez-vous, comme elle était incapable de répondre à aucune des deux questions, peu important qu'elle posât l'une ou l'autre". Si l'important c'est uniquement la réponse, alors faute de réponse, la question devient en elle-même parfaitement indifférente. Là où il n'y a pas de réponse, il n'y a plus aucune distinction à faire entre la question : "est-ce que les chats mangent les chauve-souris ?" et la question "est-ce que les chauve-souris mangent les chats ?". Cette situation est évidemment absurde, car on doit faire une différence entre les deux questions ! Ce qui plaît tant à Lewis Carroll chez les petites filles, c'est leur capacité à s'émerveille de tout, là où au contraire le monde des adultes se définit par cette attitude péremptoire avec laquelle Lewis Carroll ne se sent pas à l'aise, parce que c'est un monde régi par le principe de l'assertion, de la proposition, du catégorique , de l'affirmatif ou du négatif.
Le monde de l'enfance représente quelque chose comme l'idéal du scepticisme, tel que Lewis Carroll le pratique, en montrant qu'il y a dans nos propositions logiques toujours quelque chose qui dysfonctionne, quelque chose qui n'est pas clair et qui est potentiellement rempli de paradoxes. La scène finale (chapitre 11 et 12) du tribunal, dans le roman, n'est pas simplement la scène d'un tribunal : "Lorsque Alice et le Griffon arrivèrent, le roi et la reine de cœur étaient assis sur leur trône au milieu d'une grande foule composée de toutes sortes de petits animaux et de petits oiseaux ainsi que de toutes les figures du jeu de cartes. Devant eux se trouvait le valet de cœur chargé de chaines, gardé par deux soldats. Près du roi, on voyait le lapin blanc qui tenait une trompette d'une main et un rouleau de parchemin de l'autre. Au centre exact de l'enceinte où siégeait le tribunal se trouvait une table couverte d'un grand plat de tartes. Elles avaient l'air si bonnes qu'Alice eut très faim rien qu'à les regarder. "Je voudrais bien que le procès s'achève se dit-elle, et qu'on fasse circuler les rafraîchissements". Mais il semblait n'y avoir guère de chance que son vœu se réalisa. Aussi commença-t-elle à regarder tout autour d'elle pour passer le temps. Alice n'avait jamais pénétré dans une salle de tribunal, mais elle en avait lu diverses descriptions dans plusieurs livres et elle fut toute heureuse de constater qu'elle savait le nom de presque tout ce qui s'y trouvait. Celui-là c'est le juge, se dit-elle, puisqu'il porte une perruque. Il faut préciser que le juge n'était autre que le roi. Comme il portait sa couronne par-dessus sa perruque, il avait l'air très mal à l'aise et cet attirail était totalement dépourvu d'élégance. "Ah ! voici le banc du jury", pensa Alice, "et ces douze créatures (elle était obligée d'employer le mot "créature", car voyez-vous il y avait à la fois des animaux et des oiseaux) je suppose que ce sont les jurés". Elle se répéta ce dernier mot deux ou trois fois de suite, très fière de le savoir, car elle pensait, à juste titre d'ailleurs, que très peu de petites filles de son âge en connaissaient la signification. Néanmoins, elle aurait pu tout aussi bien employer les mots "membres du jury". Les douze jurés étaient tous occupés à écrire fébrilement sur des ardoises. "Que font-ils ? demanda Alice au griffon à voix basse ils n'ont rien à écrire tant que le procès n'a pas commencé!" "Ils écrivent leur nom répondit le griffon dans un souffle. De peur de l'oublier avant la fin du procès". "Quels imbéciles!" s'exclama-t-elle d'une voix forte et indignée. Mais elle se tue vivement car le lapin blanc cria "silence !", tandis que le roi mettait ses lunettes et regardait anxieusement autour de lui pour voir qui se permettait de parler. Alice put voir aussi distinctement que si elle avait regardé par-dessus leur épaule que tous les jurés étaient en train d'écrire : "quels imbéciles!" sur leur ardoise, et que l'un d'eux ne sachant pas orthographier "imbécile" était obligé de demander à son voisin de lui épeler le mot". Il ne faut pas être très malin pour percevoir que le procès se confond ici avec un salle de classe, que les membres de jury sont des élèves assis à leur pupitre, écrivant leur nom sur l'ardoise et attendant que la dictée commence, tandis que le juge est un maître qui regarde la classe avec ses lunettes sévères pour savoir qui bavarde. Il y a un rapprochement qui est fait, de manière plus qu'implicite, entre le tribunal et la salle de classe. Ce qui est dénoncé ici implicitement, c'est un régime du savoir qui est celui de l'école, régime où il s'agit précisément de transmettre le savoir sous la forme d'un certain nombre de propositions assertoriques, de jugements constitués, qui étouffent chez les enfants tout esprit de curiosité et les rend "imbéciles". On comprend mieux du même coup pourquoi Alice ne peut s'empêcher de transformer tout le savoir qu'elle a appris, les récitations, les poèmes, les chansons, par une opération subversive. Quand la chenille, avec son air magistral, lui demande de réciter un vieux poème ennuyeux et moralisateur qu'on faisait apprendre aux enfants anglais ("Vous êtes vieux, père William.."), Alice transforme complètement le texte et le remplace par une joyeuse bouffonnerie. Dans cette subversion systématique du savoir scolaire, il faut voir à l'œuvre la même intention qui pousse Lewis Caroll à déconstruire les jugements. Là encore, il s'agit de substituer au modèle de l'assertion (les réponses!), un modèle plus ludique où l'enfant est invité à développer sa curiosité en se posant des questions. Cette curiosité est étouffée par un système éducatif où le savoir constitué prend la forme de jugements assertoriques transmis par la voix d'une autorité (le professeur). Donc salle de classe ou salle de tribunal, même combat !
Deuxième interprétation
C'est peut-être là une première façon de lire Alice au pays des Merveilles, particulièrement la scène finale du procès. Mais il y a peut-être une leçon tout à fait différente à tirer de cette scène finale. Dans ce procès, Alice représente en effet une sorte de bon sens judiciaire, en défendant le principe qu'on ne doit pas énoncer une sentence avant d'avoir pris la peine de délibérer, et qu'on ne peut pas délibérer non plus avant d'avoir entendu les témoins et d'avoir présenté les preuves. Alice est la garante de l'équité d'un jugement dans une situation qui se présente comme une parodie de procès. Ici, ce qui serait en cause n'est pas tant le fait de juger, que le fait de mal juger. La procédure judiciaire représente alors le modèle que tout jugement se doit de respecter s'il veut être honnête et parfaitement fondé. Pour parvenir à juger, il faut suivre une méthode précise qui guide la délibération à partir d'une procédure où les témoins sont d'abords entendus, où les preuves sont présentées et discutées… Dans cette perspective, le fait de juger intervient seulement à la fin, et non pas au départ, comme le voudrait la reine de cœur : "La condamnation d'abord, la délibération ensuite". L'enseignement de cette scène finale viserait alors moins à suspendre définitivement le jugement qu'à le suspendre provisoirement, jusqu'à plus ample examen : on ne peut rien juger, on ne peut rien affirmer de façon catégorique, tant qu'on n'a pas pris la peine d'examiner la question à fond, d'entendre les témoins, de présenter les preuves et à l'issue d'une délibération qui amène, enfin, à trancher.
De ce point de vue, ce que incarne la parodie de procès à laquelle Alice assiste, c'est la perversion d'un jugement par anticipation, c'est à dire la tragédie du "préjugé". Le procès commence par un acte d'accusation qui est formulé de façon étrange : "Le lapin blanc sonna trois fois de sa trompette. Il déroula le parchemin et lut ce qui suit : "notre reine de cœur avait fait des tartes tout au long d'un beau jour d'été. Mais le valet de cœur a volé ces tartes et les a toutes emportées". "Délibérez pour rendre votre verdict", ordonna le roi au juré. "Pas encore! Pas encore !" protesta le lapin "Il y a beaucoup à faire avant d'arriver là". "Bon, appelez le premier témoin", reprit le roi". Qu'est-ce qui ne va pas, dans cette façon de juger ? D'abord, évidemment, le fait que la délibération est placée avant tout examen, avant le fait d'entendre les témoins. Le roi, dans son ignorance des formes judiciaires, demande aux membres du jury de délibérer avant qu'il y ait eu une procédure d'examen. Mais il y a encore autre chose qui tient à la formulation de l'acte d'accusation : ce dernier, qui devrait s'énoncer sur la forme d'un point à débattre, est déjà formulé sous la forme d'un jugement qui atteste un fait établi. Le point en question (l'accusé est-il bien coupable du vol des tartes ?) devient un fait jugé ("le valet de cœur a volé ces tartes"). Avant toute délibération, l'acte d'accusation est déjà un jugement.
Ce qui est intéressant dans cette parodie, c'est qu'elle paraît franchement une absurdité du point de vue de la procédure judiciaire mais qu'elle révèle aussi pourtant notre façon ordinaire de juger. Ce qui, grâce à la mise en scène du procès, parait un comportement aberrant, nous parait beaucoup moins aberrant lorsque nous jugeons hors des tribunaux. Dans tous les domaines, il y a ainsi une tendance spontanée de l'acte de juger qui en fait toujours un acte précipité. Le modèle du procès, le modèle "procédural", n'est pas ici quelque chose dont on devrait se défier, comme s'il manifestait le caractère malsain de l'acte de juger. Mais il serait au contraire notre guide pour bien juger, pour juger correctement. Le protocole judiciaire servirait alors de modèle pour fonder correctement nos jugements. Par exemple, dans le domaine de la science, qu'est-ce que c'est qu'un jugement scientifique correct, si ce n'est un jugement qui souscrit à toute cette procédure judiciaire : examen des preuves, discussion, débat contradictoire et puis seulement, au bout du compte, jugement. Qu'est-ce que c'est que la méthode scientifique, si ce n'est une sorte de procédure qui est calquée sur la procédure judiciaire ?
N'est-ce pas exactement ce qu'écrit Kant dans la préface à la seconde édition de la Critique de la raison pure, lorsqu'il affirme que la science moderne a commencé à exister lorsque le savant a cessé de se placer devant la nature comme un élève qui apprend tout d'un maître mais qu'il s'est placé devant lui comme un juge qui interroge un témoin et le force à répondre à ses questions ? "Elle [la raison] lui [la nature] demande de l'instruire, non comme un écolier qui se laisse dire tout ce qui plaît au maître, mais comme un juge en fonctions, qui contraint les témoins à répondre aux questions qu'il lui adresse". Auparavant, l'homme de connaissance appliquait un paradigme qui était celui de l'élève devant son maître : le savant attendait de la Nature qu'elle lui montre ce qu'il y avait à connaître. Mais désormais, c'est le savant qui doit interroger la Nature, la soumettre à la Question, au sens que cette expression peut prendre dans un tribunal. Ce qui caractérise l'homme de science, dans sa version galiléenne et newtonienne (dans la nôtre), c'est que nous n'avons plus affaire simplement à quelqu'un qui attend que la nature l'instruise. Nous avons affaire à quelqu'un qui met en place des expérimentations, et l'expérimentation c'est une scène de tribunal où la nature est forcée de répondre aux questions que nous lui posons. Elle n'est plus le maître qui nous apprend des choses, mais le témoin que l'on cite à comparaître. Lorsque vous établissez un protocole expérimental, tout se passe comme si vous mettiez la nature en demeure de répondre à une question bien précise que vous lui posez. A l'époque des tribunaux de l'inquisition, la "question" était le mot pudique qu'on utilisait pour évoquer la pratique judiciaire de la torture, afin de faire avouer celui qui était accusé. On le soumettait à la question, ce qui veut dire qu'on lui faisait violence pour qu'il avoue enfin une vérité qu'il tenait secrète. or c'est exactement ce que fait l'expérimentateur par rapport à la nature : par la mise en place des expérimentations, il la force à répondre à des questions qu'il lui pose, en la plaçant dans une situation où elle est forcée de révéler ses secrets. Clairement, il ne s'agit plus de contempler la nature ou simplement de l'observer, mais il s'agit de lui arracher ses secrets
Conclusion
Voilà donc ce qui rend le fait de juger si intéressant, d'un point de vue philosophique. Nous avons à nous prononcer sur cet acte, en nous demandant ce que vaut le modèle judiciaire comme modèle de tout acte de pensée. Une première option consisterait à considérer que ce modèle trahit le secret obscur de tout acte de juger, qui serait finalement une façon de vouloir s'ériger en "juge". C'est la raison pour laquelle, dans le Théétète, Platon oppose le goût de la discussion philosophique (qui repose sur l'incertitude et le libre questionnement) avec l'attitude "jugeante", qui vient des tribunaux : "Il me semble que les hommes élevés dès leur jeunesse dans les tribunaux et les affaires, comparés à ceux qui ont été nourris dans la philosophie, sont comme des esclaves vis-à-vis d'hommes libres. (…) Les uns ont toujours du loisir, et conversent ensemble en paix tout à leur aise;(…). Les autres, au contraire, n'ont jamais de temps à perdre lorsqu'ils parlent; car l'eau qui coule les oblige à se hâter, et ne leur permet pas de parler de ce qu'ils aimeraient le mieux; la partie adverse est là qui leur fait la loi, en faisant lire la formule d'accusation, du contenu de laquelle il est défendu de s'écarter. Leurs plaidoyers sont toujours pour ou contre un esclave comme eux, et s'adressent à un maître assis qui tient en sa main la justice." Dans ce cas là, ce modèle judiciaire, en trahissant le secret obscur de tout jugement, nous inciterait à tenter autant que faire se peut de suspendre tout jugement. Une deuxième option nous porterait à énoncer plutôt un jugement favorable sur ce modèle "judiciaire" de l'acte "judicatif", en considérant que ce modèle est le seul qui autorise à rendre légitime l'acte de juger. Dans ce cas, il s'agirait encore de suspendre son jugement, mais seulement provisoirement, jusqu'à ce qu'on ait examiné les preuves et délibéré suffisamment.
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